Ispahan est la troisième ville d’Iran, situés à 340 kilomètres au sud de Téhéran. Capitale de la Perse entre le XVIe et le XVIIIe siècle, l’origine de la ville de la création de la ville n’a pas été établie par manque de preuves archéologique. On suppose qu’elle est ancienne de par sa situation géographie, au centre de l’Iran. Ispahan est l’une des plus anciennes villes iraniennes.
- Gentilé : Ispahanais
- Population : 2 031 324 hab. ( 2015)
- Superficie : 551 km2 (banlieues incluses)
- Altitude : 1 570 m
Le nom de la ville en vieux-perse était Aspadana, devenu Spahān ou Espahān en moyen-perse puis Esfahan après la conquête musulmane.
L’alphabet arabe ne possédant pas le son /p/, le nom de la ville est devenu Esfahan après la conquête par les arabes en 651. On trouve également des transcriptions telles qu’Isfahan ou Ispahan qui ont pour origine des accents différents.
« Esfahan Nesf-e Jahān » (en persan: اصفهان نصف جهان) est un jeu de mot sur son nom qui dit que cette ville est « la moitié du monde ». (Wikipédia)
« Qui veut venir avec moi voir à Ispahan la saison des roses, prenne son parti de cheminer lentement à mes côtés, par étapes, ainsi qu’au moyen âge.
Qui veut venir avec moi voir à Ispahan la saison des roses, consente au danger des chevauchées par les sentiers mauvais où les bêtes tombent, et à la promiscuité des caravansérails où l’on dort entassés dans une niche de terre battue, parmi les mouches et la vermine.
Qui veut venir avec moi voir apparaître, dans sa triste oasis, au milieu de ses champs de pavots blancs et de ses jardins de roses roses, la vieille ville de ruines et de mystère, avec tous ses dômes bleus, tous ses minarets bleus d’un inaltérable émail ; qui veut venir avec moi voir Ispahan sous le beau ciel de mai, se prépare à de longues marches, au brûlant soleil, dans le vent âpre et froid des altitudes extrêmes, à travers ces plateaux d’Asie, les plus élevés et les plus vastes du monde, qui furent le berceau des humanités, mais sont devenus aujourd’hui des déserts.
Nous passerons devant des fantômes de palais, tout en un silex couleur de souris, dont le grain est plus durable et plus fin que celui des marbres. Là, jadis, habitaient les maîtres de la Terre, et, aux abords, veillent depuis plus de deux mille ans des colosses à grandes ailes, qui ont la forme d’un taureau, le visage d’un homme et la tiare d’un roi. Nous passerons, mais, alentour, il n’y aura rien, que le silence infini des foins en fleur et des orges vertes.
Qui veut venir avec moi voir la saison des roses à Ispahan, s’attende à d’interminables plaines, aussi haut montées que les sommets des Alpes, tapissées d’herbes rases et d’étranges fleure es pâles, où à peine de loin en loin surgira quelque village en terre d’un gris tourterelle, avec sa petite mosquée croulante, au dôme plus adorablement bleu qu’une turquoise ; qui veut me suivre, se résigne à beaucoup de jours passés dans les solitudes, dans la monotonie et les mirages… (« Pierre Loti, prélude de « Vers Ispahan », 1904)
« La ville d’Ispahan est mal percée les ruës sont étroites & inégales, & la pluspart fort obscures, à cause des voutes que l’on fait pour aller à couvert d’une maison à l’autre, & l’on marche quelquefois dessous deux cent pas à tâtons. Ces ruës sont le plus souvent remplies de mille ordures & de bestes mortes que l’on y jette ; ce qui cause une grande puanteur, & qui pourroit engendrer la peste sans l’extraordinaire bonte de l’air qui y règne comme je diray ailleurs. Il y a dans la pluspart de ces ruës des puits à fleur de terre, qui sont bouchez en été, mais que l’ou ouvre en hyver pour servir d’égoût à la pluye & à la neige, qui de ces puits vont se rendre par des trous dans des canaux voutez qui sont au milieu des ruës. Il y a de plus devant chaque maison un trou qui sert de receptacle à toutes les ordures, & que les paysans viennent vuider & enlever pour en engraisser leurs terres, ce qui les rend bonnes & en augmente la fertilite. » (« Les Six Voyages de Jean Baptiste Tavernier, écuyer baron d’Aubonne, qu’il a fait en Turquie, en Perse, et aux Indes, pendant l’espace de quarante ans, & par toutes les routes que l’on peut tenir : accompagnez d’observations particulieres sur la qualité, la religion, le gouvernement, les coutumes & le commerce de chaque païs ; avec les figures, le poids, & la valeur de monnoyes qui y ont court », Gervais Clouzier et Claude Barbin, Paris, 1676)
« Hispahan, ou Spahan, comme on le prononce en Turc, & Sephaon comme disent les Persiens, est aussi grand que Paris, y comprenant Julpha qui est la ville des Armeniens de l’autre costé de la rivière. […]
Les maisons d’Hispahan sont de brique cuite au Soleil, la terre qu’ils tirent des fondemés& qu’ils paistrissent avec de l’eau, leur sert pour faire ladite brique & le mortier pour l’employer. Elles n’ont pourl’ordinaire que deux étages ; le dehors est fort laid, & peu percé sur les ruës , mais le dedans est bien vouté & blanchi ; & chez ceux qui sont riches, bien peint & doré à la Moresque. Le dessus est plat en terrasse. Ils y dorment l’Esté au frais. La plus grande partie des maisons ont leur enclos & leur jardin. Les bastimens publics, comme les Mosquées, le Palais du Roy, les Ponts, les Bazards & les Karvanseras sont bastys de brique cuite au feu, fortifiée de bonne pierre de taille. » (« Les beautez de la Perse », André Daulier Deslandes, 1673)
Vue d’Ispahan côté du sud (1840).
« Sur la face où nous sommes, ce sont les minarets et les coupoles d’émail jaune de l’antique mosquée du Vendredi 8, l’une des plus vieilles et des plus saintes de l’Iran. » (Pierre Loti, « Vers Ispahan », 1904)
« Un autre édifice de l’ancienne capitale de la Perse, qui mérite d’être mentionnée bien qu’il ait disparu, est une tour haute d’environ soixante pieds, construite en forme de cône et composé d’une masse compacte de briques séchées au soleil. On l’appelait la tour des Cornes parce que l’extérieur en était revêtu de crânes de différentes bêtes fauves avec leurs cornes. Aux trois quarts de l tour il y avait une espèce de chapiteau formé par des bois de cerf extrêmement long. » (« Voyage en Asie et en Afrique d’après le récits des derniers voyageurs », par Jean Baptiste Benoît Eyriès, Alfred Jacobs, 1839)
« La voilà donc “cette moitié du monde, cette belle Ispahan, cette merveille des merveilles, cette rose fleurie du paradis, l’idole des poètes persans. Ses routes et ses sentiers sont verdoyants ; un printemps éternel revêt la vallée d’une parure qui rend la terre jalouse ; les fleurs parfument l’air comme le musc ; les ruisseaux répandent une eau limpide comme la fontaine de vie. Le vent, en soufflant au milieu des riants bosquets et des arbres aux épais feuillages, imite la voix plaintive de la colombe ou les gémissements du rossignol. Que la pluie t’arrose, ô Ispahan, entre toutes les villes, que la rosée du ciel te rafraîchisse parmi toutes les cités, lorsque le tonnerre mugit au loin et que l’éclair, semblable à l’œil des vipères, traverse les nuées. Hamadan est un lieu de délices que chacun désire habiter, mais Ispahan est l’image du paradis.”
Nous laissons en arrière quelques petits villages ruinés et nous nous jetons à travers des vergers couverts de pastèques et de melons déjà mûrs. La terre, noire et humide, est encore imprégnée des eaux d’irrigation ; les ruisseaux qui bruissent au milieu des plantations de maïs et de sorgho rappellent à mon souvenir les rives du Nil au lendemain de l’inondation et les merveilleux jardins de Syout, la reine de la haute Égypte.
Je me rapproche des murailles, je franchis les fortifications, mes yeux se portent autour de moi, et subitement je m’arrête. Quelle amère déception est la mienne ! Suis-je dans une ville saccagée prise d’assaut ? En arrière de l’enceinte se présentent des ruelles couvertes d’un épais matelas d’immondices ; à droite et à gauche s’ouvrent des bazars abandonnés, des rues désertes que jalonnent des pans de murs prêts à s’écrouler sur les passants. On n’aperçoit âme qui vive dans ces faubourgs devenus l’asile des scorpions et des serpents ; la dévastation est complète et semble avoir été systématiquement opérée : les baies sont dépourvues de boiseries ; on a renversé les terrasses pour arracher les poutres qui les soutenaient ; les revêtements de faïence ont été brutalement brisés ou volés ; les murs de terre, lavés par les pluies, restent seuls debout.
En passant dans un autre quartier, encore plus ruiné s’il est possible que les précédents, j’aperçois de bons paysans chargeant les débris des maisons dans des couffes de paille suspendues aux flancs de petits ânes. Ces briques de terre crue, imbibées de salpêtre, sont appréciées à l’égal des meilleurs amendements.
La “moitié du monde”, la “rose fleurie du paradis”, la cité royale sert aujourd’hui à faire pousser des pastèques et de savoureux concombres. » (Jane Dieulafoy, « Une archéologue en Perse », 2e partie : Ispahan. Il faut tout quitter quand on voyage, 1887).
« C’est un monde, ces bazars d’Ispahan, qui furent à leur époque les plus riches marchés do l’Asie. Leurs nefs de briques, leurs séries de hautes coupoles, se prolongent à l’infini, se croisent en des carrefours réguliers, ornés do fontaines, et, dans leur délabrement, restent grandioses. Des trous, des cloaques, des pavés pointus où l’on glisse ; péniblement nous avançons, bousculés par les gens, par les bêtes, et sans cesse préoccupés de nos mules de charge, qui se laissent distancer dans la mêlée étrange. » (Pierre Loti, « Vers Ispahan », 1904)
« C’est un pont magnifique et singulier qui nous donne l’accès dans la ville ; il date de Chah-Abbas, comme tout le luxe d’Ispahan ; il a près de trois cents mètres de longueur et se compose de deux séries superposées d’arcades ogivales, en briques grises, rehaussées do bel émail bleu. En même temps que nous, une caravane fait son entrée, une très longue caravane, qui arrive des déserts de l’Est et dont les chameaux sont tous coiffés de plumets barbares. Des deux côtés de la voie qui occupe le milieu du pont, des passages, pour les gens à pied, s’abrittent sous de gracieuses arcades ornées de faïences, et ressemblent à des cloîtres gothiques. » (Pierre Loti, « Vers Ispahan », 1904)
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