Des journalistes du journal Le Monde ont sillonné l’Iran pendant treize jours. Ils sont revenus avec un reportage intéressant en deux volets.
Pour ce premier voyage en Iran, nous décidons de faire une boucle, depuis Téhéran, en visitant successivement Yazd, Chiraz, Persépolis, Ispahan, Kashan et finalement la capitale. Soit 1 400 km en voiture pendant treize jours. On rejoint d’abord Yazd : 600 km de paysages désertiques, dans des plaines écrasées de soleil, sans l’ombre d’un village entre Qom, Kashan et Nain, où nous déjeunons.
Pejman, le chauffeur, a apporté des gojé sabz, ces prunes vertes de la famille des reines-claudes, croquantes et un peu acides, que les Iraniens dégustent avec du sel. Elles viennent du jardin de son père, à Téhéran. « Merci. »
Pejman ne parle pas un mot de français, et mal l’anglais, mais il est un compagnon de voyage enthousiaste, qui connaît les meilleures adresses et les moindres détails du paysage. Comme il est difficile de voyager en Iran sans accompagnateur (on serait vite perdu, notamment à cause de la langue), le choix du chauffeur et des guides est très important, qu’on soit en famille ou en groupe.
Yazd est une ville minérale, sèche et… chaude, une oasis dans le désert : en cette fin mai, tout s’arrête entre 14 heures et 18 heures, quand la température dépasse 40 degrés. On découvre Yazd par le zoroastrisme, qui fut la religion officielle de l’Empire perse avant l’arrivée de l’islam au VIIe siècle et qui s’incarne de façon spectaculaire dans les tours du silence, deux monticules qui servaient aux rites funéraires, aux portes de la ville.
Autre lieu symbolique, le temple du feu — l’Ateshkadeh — abrite un foyer dont la flamme ne s’éteint jamais. Car le zoroastrisme, dont le fondateur est le Zarathoustra qui a inspiré Nietzsche, est une religion vivante, et tolérée en Iran, notamment à Yazd, où plusieurs milliers d’habitants la pratiquent encore. Les zoroastriens, qu’en bon Français et à l’imitation de Victor Hugo nous devrions appeler les guèbres, sont 200 000 dans le monde, notamment en Inde (les parsis) et au Kurdistan.
Culturisme chevaleresque et confiserie centenaire
Yazd vaut aussi pour ses vieilles rues aux murs en pisé (au couchant, il faut monter sur les toits de l’Art House, pour admirer les tours du vent), sa grande mosquée (Jâme’) construite au XIVe siècle, ou encore l’admirable jardin Dowlat-âbâd.
Enfin, au cœur de la ville, la place Amir Chakhmâgh est flanquée de deux trésors. Une confiserie centenaire, à l’enseigne Haj Khalifeh Ali Rahbar & Shoraka, fait l’angle avec l’avenue. L’ambiance est inénarrable. On voudrait y rester des heures. Il faut en rapporter, dans une boîte en fer imprimée, des pâtisseries au miel, aux amandes ou aux pistaches.
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Le Deuxième volet : « Téhéran, l’Iran paradoxal »