Il y a trente-cinq ans, le 22 septembre 1980, les troupes de Saddam Hussein pénétraient en Iran, deux jours après que son aviation ait bombardé les terrains d’aviation iraniens. Ce conflit meurtrier a duré huit ans et à causé de nombreuses victimes : entre 500 000 et 1 200 000.
Outre les lourdes pertes humaines, l’économie des deux pays a été durement touchée. Le coût total s’élève à plusieurs centaines de milliards de dollars.
En pleine guerre froide, dans un contexte de réajustement des puissances régionales après les accords de Camp David et le déclenchement de la révolution iranienne, le conflit entre Téhéran et Bagdad éclate le 22 septembre 1980, officiellement pour une question territoriale. Il cache en fait une ambition dévorante des leaders des deux côtés du Chatt el-Arab.
22 septembre 1980. Le scénario prévisible, que tout le monde redoutait depuis déjà plusieurs semaines, a finalement lieu : l’Iran de l’ayatollah Khomeyni et l’Irak de Saddam Hussein entrent en guerre. L’opposition entre les deux mastodontes du Golfe, qui se disputent la possession du Chatt el-Arab, voie d’eau formée par la jonction du Tigre et de l’Euphrate, fait trembler la planète et particulièrement les deux grands. Le président américain Jimmy Carter s’empresse de déclarer que les États-Unis ne prendront position pour aucun des deux pays, craignant que cette guerre enterre les négociations sur le sort des otages américains retenus à Téhéran. En froid avec Bagdad depuis 1967, les Américains commencent à nouer de nouvelles relations avec l’Irak depuis l’éclatement de la révolution islamique à Téhéran. Du côté de Moscou, c’est le silence radio. Cette guerre met l’URSS dans une position des plus délicates : un pacte de défense lie le Kremlin à Bagdad, mais Moscou veut ménager le pouvoir de Téhéran, foncièrement anti-impérialiste, et négocier sa neutralité dans l’affaire afghane. Quant aux milieux pétroliers, ils s’inquiètent, mais ne s’affolent pas tant que le détroit d’Ormuz n’est pas bloqué.
L’Iran en guerre
Sur le terrain, l’aviation irakienne bombarde plusieurs bases et aérodromes militaires iraniens, notamment celle d’Ahwaz dans le Khouzistan, province pétrolière qui compte une forte minorité arabophone et dont la souveraineté était revendiquée par l’Irak avant les conclusions des accords d’Alger de 1975. À Bagdad, la population se prépare à une aggravation des événements avec l’Iran. Devant leur transistor ou leur télévision, les Irakiens sont à l’affût des nouvelles. Dans le quartier de Bab-el-Mouazzam, près du ministère de la Défense, et dans les villes religieuses de Najaf et de Kerbala, plus de cent mille personnes manifestent et crient des slogans parmi lesquels : « Avec notre âme, avec notre sang, nous te défendrons Saddam » ou « Donnez-nous des armes pour combattre les Persans ».
Guerre Iran-Irak sur le front sud, dans le Khouzistan : reportage sur le front, sur la progression de l’armée Irakienne en Iran du 22 septembre au 4 octobre 1980 du côté de Khorramchahr.
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Forces en présence :
L’Irak dispose de 7 divisions d’infanterie, de 8 divisions et brigades blindées (chars T62 et T72), de 2 divisions mécanisées (chars T55 et engins type BTR), et d’une brigade de forces spéciales. Ceci représente 850 000 soldats en 1980, puis 1,5 million en 1988, équipés de 3 500 chars, 8 600 véhicules blindés, 12 000 pièces d’artillerie, 3 000 avions et 1 900 hélicoptères. Malheureusement, ces unités sont mal entraînées et mal instruites. Quant aux opérations, elles sont conçues dans l’urgence, avec une confiance excessive des chefs en leur outil à l’issue d’une planification « court termiste » qui exclut tout plan de manœuvre ou cas non conformes (notions sur lesquelles nous reviendrons dans des posts à venir).
L’Iran, avec 6 divisions et brigades d’infanterie, 5 divisions et brigades blindées (chars Chieftain ou M60), 1 brigade de forces spéciales, 5 groupes d’artillerie compte 600 000 soldats, 200 000 Pasdarans et Basiji (volontaires formés en 3 à 4 semaines, endoctrinés et lancés sur les lignes irakiennes par vagues d’assaut), 1 000 chars, 4 000 véhicules blindés (type M113), 7 000 pièces d’artillerie, 740 avions et 750 hélicoptères. (Source L’écho du champ de bataille)
Pour aller plus loin :
« Les 30 ans de la guerre Iran-Irak (22 septembre 1980-20 août 1988) »
« La Guerre Iran-Iran (1980-1988) »
« Guerre Iran-Irak »
« La sale guerre Iran-Irak »
« La guerre Iran-Irak »
« Guerre conventionnelle : retour sur le conflit Iran-Irak 1980-1988 »
« Comment les États-Unis ont aidé Saddam à gazer l’Iran »
« Des “martyrs” de la guerre Iran-Irak enterrés à Téhéran en présence d’une foule immense » (juin 2015)
Bibliographie :
Balta, Paul, Iran-Irak : une guerre de 5 000 ans, 1999,
Razoux, Pierre, La guerre Iran-Irak, première guerre du Golfe 1980-1988, éditions Perrin, 2013
Sahebjam, Freidoune, Je n’ai plus de larmes pour pleurer, Grasset, 1985