L’Iran et la Russie ont des relations de longue date, même si elles ont été parfois houleuses. Les tensions qui agitent actuellement le Moyen-Orient sont là pour le rappeler. Le site Aleteia propose un extrait de l’ouvrage de Thomas Flichy de la Neuville (spécialiste de l’Iran) intitulé Chine, Iran, Russie, un Nouvel Empire mongol ? Il nous aide à comprendre la coopération entre ces deux pays en retraçant l’historique de ces relations depuis le temps de la Russie impériale et de la Perse.
Malgré les connexions évidentes entre l’Iran, la Chine et la Russie, le nouvel empire mongol ne forme pas un tout unifié. La relation Iran-Russie reste marquée par des tensions héritées de la colonisation tsariste du XIXe siècle.
Pour y voir plus clair, Aleteia vous propose un extrait de l’ouvrage intitulé : Chine, Iran, Russie, un Nouvel Empire mongol ? :
Entre la Russie et l’Iran, la collaboration naît tardivement : entre la deuxième moitié du XVe siècle et la Première Guerre mondiale, la Russie exerce une influence impériale sur la Perse. Celle-ci repose alors essentiellement sur des militaires ayant une connaissance très fine de la civilisation persane. Après la révolution russe, la relation entre les deux pays se rééquilibre néanmoins au profit de l’Iran.
La Russie impériale et la Perse, le temps de l’influence (1466-1917)
Entre le XVe et le début du XXe siècle, la Russie étend son influence au sud du Caucase vers la Perse. En 1466, le marchand russe Nikitin traverse la Perse alors qu’il se rend en Inde et relate son voyage dans son journal. En 1623, Fedor Kotov, un autre marchand russe est envoyé en Perse avec pour mission de décrire les routes et les villes. C’est à partir du règne de Pierre le Grand (1689-1725) que les récits russes concernant la Perse deviennent plus détaillés. L’arrivée au pouvoir de Nader Shah force les Russes, affaiblis par la mort de Pierre le Grand, à évacuer le Gilan et Tales (traité de Rast de 1732). Dès 1781, la poussée russe reprend, avec l’expédition navale du comte Marc Ivanovitch Voïnovich en Caspienne orientale et la tentative de sécuriser une route commerciale vers Boukhara. En réalité, ce n’est pas avant la fin du XVIIIe siècle que les Russes sont à même de s’établir de façon permanente en Transcaucasie. Miné par les querelles politiques internes, le gouvernement qajaride se trouve incapable de faire face au défi d’affronter et même de repérer la menace au Nord que représente la Russie impériale. La Cour Royale affaiblie et en faillite sous Fath Ali Shah est forcée de signer le célèbre traité de Golestân en 1813, suivi d’un second, le traité de Turkmanchai en 1828 après l’échec d’Abbas Mirza dans sa tentative de sécuriser le flanc septentrional de la Perse.
Au cours de deux guerres contre la Perse, la Russie impériale continue sa percée au Sud. Les armées russes occupent la côte d’Aral en 1849, Tachkent en 1864, Boukhara en 1867, Samarcande en 1868 et Khiva et Amudarya en 1873. Le traité d’Akhal achève le dépeçage de la Perse en faveur de la puissance émergente que devient la Russie impériale. Celle-ci redoute en effet l’avancée de la Grande-Bretagne, qui convoite la Perse et l’Asie centrale afin de consolider ses positions aux Indes britanniques. Survient alors un renversement de situation, lorsque les Russes signent avec les Anglais la convention anglo-russe de 1907 qui sépare l’Iran en deux zones d’influence : pour la Russie au nord et pour la Grande-Bretagne au sud, mettant fin pour un temps au Grand Jeu. Les frontières entre les deux Empires se stabilisent alors au détriment d’une Perse sous influence.
[Lire la suite sur Aleteia]