Ces aquarelles proviennent d’un manuscrit relié rédigé par un rammal — ou devin — à Ispahan, en Iran. Selon Ali Karjoo-Ravary, les peintures ont été ajoutées une ou deux décennies après la composition du texte — un traité sur les sorts et les démons, « entre autres créatures, qui sont associées à chaque signe du zodiaque ». Les tableaux, poursuit Karjoo-Ravary :
sont accompagnées de prescriptions rituelles pour traiter avec les différentes créatures. L’auteur attribue ses connaissances au Salomon biblique, connu pour son pouvoir sur les démons et les esprits.
Plongée au cœur d’un culte romain venu d’Iran au musée d’archéologie Saint-Raymond à Toulouse.
MITHRA EN ORIENT
Mithra est un dieu très ancien issu des mondes iranien et indien. La première mention écrite le concernant se trouve dans un traité d’alliance proche-oriental daté du XIVe siècle avant notre ère. Il est, dès cette haute époque, l’une des principales divinités du zoroastrisme, religion pratiquée par certains peuples de l’Iran oriental et d’Asie centrale. En langue iranienne, le nom de Mithra signifie « contrat ». Mithra est donc un dieu juge, qui apporte prospérité et abondance à ceux qui tiennent parole, et punit ceux qui trahissent. C’est, semble-t-il, depuis l’Asie mineure, que le dieu gagne l’Empire romain au Ier siècle. On peut supposer que Rome a absorbé, en même temps que Mithra, certains concepts de ce monde gréco-oriental. Il n’est toutefois pas possible d’établir une filiation directe entre le culte romain et ces vénérations plus anciennes de Mithra en Orient.
Avant Indiana Jones et Lawrence d’Arabie il y a eut Abraham Hyacinthe Anquetil-Duperron. Né en 1731, Anquetil fut le premier orientaliste-aventurier : un érudit européen spécialiste de la culture asiatique qui incarnait également l’action audacieuse et héroïque sur le terrain. Sa spécialité était les racines des anciennes religions en Asie. Il a été le premier Européen à traduire l’Avesta, un recueil millénaire d’écritures au cœur du zoroastrisme, l’ancienne foi de la Perse préislamique. Afin d’apprendre à lire la forme de persan vieille de 2000 ans dans laquelle l’Avesta a été écrit, Anquetil a voyagé à travers l’Inde pendant six ans, à partir de 1755. Pendant la majeure partie de cette période, il a vécu dans le port de Surat, étudiant chez les Parsis, une communauté de zoroastriens qui avaient fui leur maison ancestrale, en Perse, des siècles auparavant. Publiée en 1771, la traduction de l’Avesta d’Anquetil fit sensation. La plupart des Européens considéraient encore les écritures hébraïques comme le texte religieux le plus ancien et le plus fiable. La traduction d’Anquetil a confronté les Européens aux écritures zoroastriennes qui étaient anciennes et indépendantes des traditions bibliques. Il a soulevé des questions troublantes sur l’histoire et le caractère unique du christianisme, et a révolutionné la pensée européenne sur la religion.
La British Library a la chance de posséder une collection inégalée de plus de 100 ouvrages zoroastriens allant de la plus ancienne, la prière Ashem Vohu du IXe siècle écrite en écriture sogdienne, découverte par Aurel Stein en Asie centrale en 1907, aux manuscrits recueillis tout récemment spécialement pour la Royal Society de Londres, à la fin du XIXe siècle. Bien que le zoroastrisme soit d’origine iranienne, la plupart de nos manuscrits proviennent en fait de l’Inde. Ils sont écrits en avestique (ancien iranien), en persan moyen, en nouveau persan, ainsi que dans les langues indiennes comme le sanskrit et le gujarati.