D’une superficie de 64 055 km2, le Khouzestan ( خوزستان), connu aussi sous la variante Khouzistan, se situe au sud-ouest de l’Iran. Son nom signifie « le pays des Khouzis », du nom des premiers habitants qui l’ont peuplé. Cette province fertile est frontalière de l’Irak et donne également sur le golfe Persique et sa capitale est Ahvâz.
Le Khouzestan renferme également de nombreux trésors archéologiques qui, malheureusement, disparaissent progressivement.
Dans le Khouzistan, l’Histoire est un vent chaud qui souffle sur des collines habitées depuis plusieurs milliers d’années. Cette région abrite certains des sites [archéologiques] les plus anciens du pays, mais elle souffre du délabrement de ses structures, du pillage organisé et d’une déshérence généralisée.
Pour s’en rendre compte, il suffit de quitter la capitale régionale, Ahvaz, pour se rendre à 120 kilomètres au nord, à Suse. La visite de cette cité, qui joua un rôle majeur pendant des millénaires, montre que le déclin d’une civilisation est aussi riche d’enseignements que son apogée.
Huit années de guerre ont littéralement détruit l’aura de la ville. Les anciens habitants ont fui, remplacés par des migrants et des réfugiés de guerre venus de toute la province. Il règne dans Suse une atmosphère de confusion que l’indifférence des autorités ne fait qu’exacerber. On a du mal à croire qu’il s’agit là de la ville décrite dans les récits sumériens du sud de la Mésopotamie ou dans le livre d’Esther de la Bible hébraïque. On se demande si c’est vraiment là l’un des centres des anciennes civilisations élamite et protoélamite.
L’archéologue franco-russe Roman Ghirshman était le spécialiste de cette ville et a travaillé sur place de 1951 à 1962.
« Au cours du IIe millénaire [avant J.-C.] apparaît une nouvelle dynastie à Elam. Ses rois se présentent comme des “messagers divins, pères et souverains des cités d’Anzan [ou Anshan] et de Suse”. On y voue un culte à la déesse Shala et à son époux Inshushinak. »
Ce site aurait été découvert à l’époque où les Britanniques exploraient la région à la recherche de pétrole.
Tout juste inscrite cette année au patrimoine mondial de l’UNESCO, la ville n’a guère profité de ce nouveau statut. Année après année, l’antique cité subit les dommages de la pluie, du vent et de l’indifférence. Suse a pourtant aussi été un grand centre à l’époque des Achéménides (550 av. J.-C.).
Si le palais antique le plus célèbre d’Iran est celui de Persépolis, dans la province de Fars [ou Pars], il en existe un autre : l’Apadana érigé à Suse par le roi Darius. De cette salle hypostyle, il ne reste aujourd’hui que des blocs de pierre et des chapiteaux disséminés. Ici le pillage est à la portée du premier venu. Prenez une pelle et commencez à creuser, vous finirez par tomber sur un fragment de poterie, « dont certains sont vieux de plusieurs milliers d’années », souligne un responsable du musée de Suse. « Mais nous n’avons aucun moyen d’empêcher les gens d’emporter ce qu’ils trouvent. » Certaines collines méritant l’attention des archéologues sont signalées par des rubans en vue de futures fouilles, ce qui facilite encore un peu plus le travail des pilleurs.
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Voir l’article en anglais : « Khuzestan tells story of Persia’s rise, fall »