On raconte que le roi Ardéchir avait une fille belle comme le jour et toute chaste. Et elle atteint l’âge du mariage, elle avait plein de prétendants venant de tous les coins du pays pour lui demander la main. Tatillonne, la fille les refusait tous et rejetait le mariage.
Une fois, son père en l’assurant d’aimer toujours l’avoir à ses côtés, lui donna des conseils paternels et dit : « L’époux est pour toi comme un embellissement, une parure. Choisis celui qui est digne de toi et ta hauteur. Il ne faut plus que tu vives dans cet ornement. Il vaudrait mieux que tu consentes à épouser. Je te marierai à un prince fortuné riche comme Crésus, qui appartient à une bonne race. En effet, le meilleur serait que tu sois seule si ton mari n’est pas à ta hauteur. »
La fille répondit qu’elle cherchait un homme dont les ordres n’allaient pas uniquement aux autres. Le roi lui demanda si elle connaissait une telle personne et la fille dit : « Celui qui a vaincu la cupidité et la colère par la sagesse et qui ne cherche aucunement à dénigrer les autres sera paré. » Alors le roi quêta bien un époux semblable pour sa fille tant qu’on lui apprit qu’un tel homme vivait dans une telle ville.
La cérémonie de leur mariage eut lieu le plus magnifiquement dans le palais. Un jour le roi, le père, alla voir sa fille par l’amour qui régnait entre eux voulu savoir comment elle s’entendait avec son mari. Elle répliqua : « Je suis tout à fait contente de ses attitudes. La seule chose qui m’ennuie c’est qu’il ne tient pas à ce qu’il mange où à ce qu’il porte. Tout ça lui paraît sans valeur. »
Ardéchir parla à son gendre en cachette et proposa de lui offrir ce dont il avait besoin pour qu’il vive dans le luxe, car il ne manquait rien, ni d’armée, ni d’argent, ni de palais royal. Mehran Béh lui répondit : « Une fois le malheur céleste arrivé, ou bien la hutte d’une vieille ou bien le palais du roi seront tous anéantis. Nul n’est censé s’échapper de la mort soit qu’on soit au pinacle soit qu’on vive dans les égouts. Mais quant aux vêtements et aux nourritures, je dois dire que notre esprit intérieur a deux disciples domptables qui sont l’avidité et la volupté. Moi, je les ai domptées. Et ils ne sont plus gloutons ni avides. Sachez bieneque même si l’on fait des vêtements dans les sept cieux pour ceux qui en sont désireux, ça ne leur suffira pas. Pour moi, avoir de riches habits ou ne pas les avoir, c’est du pareil au même, car j’ai dressé la voracité. »
Le père alla ensuite parler à sa fille. Ma petite, ton mari a justement, celui qui possède les mêmes caractéristiques que tu cherchais. Et il lui répéta les paroles de Mehran Béh.