Il existe un lieu en Iran qui, selon moi, ne retient pas l’attention qu’il mérite. Niché au cœur même d’une portion de l’ancienne route de la soie qui traversait la Perse, le caravansérail d’Izadkhast mérite qu’on s’y arrête, pour le visiter et le photographier à tout moment de la journée, principalement tôt le matin et juste avant le coucher du soleil.
Situé dans la province de Fars sur l’autoroute Ispahan-Shirâz, à environ 135 km d’Ispahan, le complexe d’Izadkhast a été proposé à la liste indicative de l’UNESCO en 2007 en tant qu’importante étape commerciale de la route de la soie. Il comprend un château fortifié, un caravansérail et un pont de l’époque safavide. Constitué d’un mélange de styles architecturaux et imprégné d’histoire et de contes d’aventures, Izadkhast est absolument fascinant, capable de vous transporter dans le Moyen-Âge asiatique, lorsque la Perse était à l’apogée de sa culture sous le règne des safavides.
L’étape persane de la route de la soie n’impliquait pas seulement l’Iran, mais aussi des pays d’Asie centrale faisant partie de l’Empire perse, comme l’Afghanistan avec Herat, qui était l’un des plus importants poste de la route de la soie. Il possédait plusieurs caravansérails offrant aux marchands et aux voyageurs un lieu de repos avant de reprendre leur périple, souvent dangereux.
Nombreux sont les caravansérails ouverts au public en Iran, mais celui situé au sein du complexe d’Izadkhast semblait unique.
Son attrait est en fait assez simple : il est situé au milieu de nulle part, entouré d’une terre désertique, et la vue est dominée par les débris de la vieille citadelle qui s’écroule maintenant. L’ancien bâtiment, quasiment abandonné et visité parfois par quelques rares motards, semble fatigué et usé par tous les actes passés et les aventures.
Dès que vous arrivez, vous êtes confronté à une citadelle en ruine construite sur la pente d’une colline d’où vous pouvez voir le caravansérail qui se tient debout, seul au milieu d’un champ rocailleux et avec, à l’arrière, un plateau stérile. Alors que la citadelle montre, dans toutes ses ruelles, ses arches et ses portes, des caractéristiques architecturales de différentes époques, de l’époque sassanide à la dynastie Qajar, le caravansérail du complexe d’Izadkhast est un joyau de l’ère safavide.
À l’intérieur, le caravansérail est une suite fascinante de portes arquées, vraisemblablement les différentes zones d’accueil des marchands, des commerçants et de leurs caravanes. Précurseurs de nos chambres d’hôtes, les caravansérails étaient non seulement un endroit pour se coucher, avoir un repas chaleureux et rassembler les énergies pour poursuivre dans leur voyage risqué, mais aussi des plateformes cruciales de correspondances où les voyageurs n’ont pas perdu l’occasion de faire des affaires avec les marchés locaux et les commerçants, et carrefour culturel où les commerçants n’échangeait pas seulement des textiles et des épices, mais aussi des idées, des traditions, les langues et même des nouvelles, en important à la fois leurs propres cultures et en ramenant chez eux ce qu’ils avaient appris en chemin.
Apparemment, l’un des premiers exemples de caravansérail a été construit dans la ville oasis syrienne de Palmyre, aujourd’hui théâtre d’innombrables tragédies dues à l’occupation criminelle de l’EI. À son origine, elle fut un arrêt vital pour les voyageurs et les commerçants traversant le désert syrien. Plus tard, de nombreux caravansérails surgirent tout le long des différentes routes de la soie, à environ 40 km les uns des autres, et des siècles de ferveur culturelle ont peuplé les régions impliquées dans les échanges de la Chine vers l’Europe.
Bien qu’il soit largement prouvé que le rôle important des caravansérails dans le commerce de tous les types de marchandises, l’héritage le plus précieux qui est arrivé à nous est probablement les grandes possibilités de partager et d’échanger des idées, des cultures, des religions, la philosophie, la littérature et même des expériences personnelles qu’ils ont offertes.
(Merci à Angela Corrias, l’auteur de l’article original. Source : Chasing The Unexpected)