Cette hachette au nom d’Untash-Napirisha est dédiée aux dieux Ishnikarab et Kiririsha. Elle a été trouvée à Tchoga Zanbil, dans le sanctuaire d’Ishnikarab, à côté de la grande ziggourat vouée par le roi à Inshushinak et Napirisha. Cette arme s’inscrit dans la tradition du début du IIe millénaire où les lames des haches sont comme « crachées » par une tête animale, celle d’un lion la plupart du temps. Sur le côté est figuré un sanglier en électrum.
Une hachette au nom d’Untash-Napirisha
En faisant le don de cette hache retrouvée dans le temple de Kiririsha à Tchoga Zanbil, le roi remercie Kiririsha, la parèdre du dieu Napirisha, mais également Ishnikarab. Le roi Untash-Napirisha, célèbre pour ses campagnes victorieuses contre la Babylonie, dédia de nombreuses armes en pierre ou en métaux précieux aux différentes divinités élamites, les principales étant Inshushinak, Napirisha, et Kiririsha. Ishnikarab est associée à ces trois divinités. Bien que le caractère féminin d’Ishnikarab soit parfois contesté à l’heure actuelle, il semble que cette dernière ait été l’épouse d’Inshushinak. En réalisant son don, le roi se place sous la protection des deux déesses Ishnikarab et Kiririsha. En effet la réunion du bas et du haut pays n’était pas évidente et l’unité de l’empire élamite restait fragile. Le nom du souverain est inscrit en élamite sur l’objet afin d’affirmer l’identité linguistique du royaume, qui en est l’un des fondements. Ces offrandes semblent indiquer le caractère guerrier de Kiririsha.
Une nouvelle capitale pour célébrer les dieux de l’Élam
Le roi Untash-Napirisha fonda une nouvelle capitale religieuse, Al-Untash (appelée de nos jours Tchoga Zanbil, (چغازنبیل)), sur la route reliant les deux pôles du royaume, Anshan et Suse. Au centre de la « cité sainte » se trouvait un petit temple voué à la déesse Ishnikarab. Untash-Napirisha fit construire à côté un sanctuaire dédié à Kiririsha ainsi qu’un temple pour Inshushinak. Plus tard, il se ravisa et transforma ce dernier en une grande ziggourat qui dominait le site dans lequel les dieux tutélaires du pays, Napirisha, le dieu des hautes terres, et Inshushinak, le dieu de la plaine de Susiane, étaient célébrés. Kiririsha est la « Grande Déesse », « la Grande Épouse », « la Mère des dieux ». Elle est aussi « la Protectrice des rois ».
Une tradition venue de l’Iran de l’Est et datant du IIIe millénaire
L’arme s’inscrit dans une tradition inaugurée à la fin du IIIe millénaire : les haches votives, dont la lame est crachée par un fauve, sont ornées d’un animal sur le collet. Un sanglier couché, représentation courante dans la région, est ici figuré sur le talon de la lame, tandis que celle-ci est crachée par la gueule d’un lion. On a trouvé dans des tombes du Luristan d’autres armes telles que des poignards et des épées. Ces armes étaient souvent inscrites au nom d’un souverain, comme celles de la collection Foroughi. Insignes de dignité remis à de hauts fonctionnaires, souvent en métal précieux, elles n’étaient pas fabriquées pour un usage guerrier.
Source : Musée du Louvre
Bibliographie
– AMIET Pierre, Suse 6000 ans d’histoire, Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1988, p. 94, fig. 52.