Entre deux films européens – Le Passé, présenté en 2013 à Cannes, a été tourné à Paris et son prochain long-métrage est situé en Espagne —, Asghar Farhadi, Oscar du film en langue étrangère pour Une séparation, est retourné à Téhéran pour y réaliser Le Client (Foroushande). Il y a retrouvé ces jeunes gens de la classe moyenne qui peuplaient À propos d’Elly et Une séparation pour les arracher une fois de plus à leur confort quotidien et les écraser sous les responsabilités, les confronter à des choix cornéliens.
Le Client a clos la compétition de cette 69e édition. Les lignes qui suivent ont été écrites avant l’annonce du palmarès. Comme on le constatera, je n’aurais pas parié sur la consécration obtenue par le film d’Asghar Farhadi à Cannes — deux prix, interprétation masculine et scénario. Reste que les discours de l’acteur Shahab Hosseini et du réalisateur, dédiant avec insistance leurs trophées au « peuple iranien », laissent penser que l’enjeu politique du film n’est pas mince. Il faudra suivre de près sa réception en Iran.
« Mes films ne sont pas connus pour être joyeux », a dit le réalisateur en recevant son prix, espérant que son film « apporte de la joie » au peuple iranien.
Aux yeux d’un spectateur cannois, Le Client ressemblait trop aux deux précédents films du réalisateur iranien pour surprendre. Emad (Shahab Hosseini) et Rana (Taraneh Alidoosti), sont jeunes et beaux. Ils travaillent dans le domaine de la culture et collaborent à une troupe de théâtre qui répète une adaptation (visée par la censure du ministère de la Culture et de l’orientation islamique) de Mort d’un commis voyageur, d’Arthur Miller. Il joue Willy Loman, l’homme défait par la compétition économique, elle est Linda, l’épouse impuissante à prévenir la destruction de son mari. [Lire la suite sur Le Monde]
Voir aussi : CANNES 2016. « “Le Client” de Farhadi offre une double récompense à l’Iran » (23 mai 2016)